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13 juillet 2008

ÉTAT D'ÂME BERRICHON

Berrichon_01_copie Le Berrichon existe-t-il ? Autrement dit, son profil de caractère se distingue-t-il des autres tempéraments français ? Jadis, dans le sillage de George Sand, de nombreux auteurs, oubliés pour la plupart, ont cru devoir abonder dans cette ethnologie régionaliste dont les clichés ont la vie dure. Au hasard de mes récentes trouvailles bibliographiques, j'aimerais soumettre à votre sagacité une « savoureuse peinture de caractère » qui a au moins le mérite de rouvrir le débat sur notre légendaire atavisme… À vous de livrer le fond de votre pensée, en faisant fi de notre défiance berrichonne bien sûr ! Livre_Berry_01 EXTRAIT – Le Berrichon a une âme bucolique, et il continue l’existence calme et débonnaire qui a toujours été la sienne au cours de son histoire. Il est économe, parcimonieux. Il tient à ce qu’il a, ne cède qu’à bon escient et lorsque sa défiance s’est, pour ainsi dur, décadenassée. Sur le champ de foire où il va vendre vache ou cochon, il sait d’avance combien il doit en tirer. Il feint de n’avoir pas besoin de vendre. S’il y consent, c’est pour rendre service. Il demande un prix qu’il sait excessif, se récrie sur le peu que vous lui offrez, paraît se désintéresser de la discussion, ne répond plus, recommence soudain quand à votre tour, vous faites mine de partir. La discussion peut s’éterniser, et le temps représente peu de chose. Avant de se rendre, il aura épuisé tous les arguments, les plus étrangers au marché en cours, et surtout lorsqu’il est certain d’empocher le bénéfice qu’il s’est fixé. Un sou est un sou. La nature, en Berry comme ailleurs, ne donne rien. La plus belle récolte ne compte pas tant qu’elle n’est pas dans la grange : un orage peut la détruire. On n’est certain de posséder que ce qui est chez soi. Tout le reste est aléatoire. Cette sagesse, qui montrerait son fond d’amertume si on y regardait d’un peu près, somnole en tout paysan berrichon et le préserve des idées nouvelles. Si elles allaient détruire quelque chose de son existence ? Il les examine comme un animal qu’il ne connaît pas très bien, et sans cesse avec une arrière-pensée de défiance. L’habitude de soupeser, toujours présente, l’empêchera d’accepter et de manier autre chose que des objets qui lui sont familiers. Il résistera aux aventures. Une opération qu’il ne tentera pas parce qu’elle présente un risque, peut-être un danger, c’est de laisser « un tien », pour deux « tu l’auras ». Il dira comme le fabuliste : l’un est sûr, l’autre ne l’est pas. Émile VINCHON Source : CHRISTOFLOUR (Raymond) – Maisons et Villages de France (Marseille, Robert Laffont éditeur, 5e édition, 1942) Berrichon_02_copie
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