BONS VŒUX ET MOTS CREUX

« Renouveau, changement, travail d’équipe, période d’adaptation, découverte du terrain » : promesse de Gascon ou de Berrichon ? Derrière les mots creux, la peur abyssale du vide ? Le doute côtoyait gentiment l’expectative lors de la morne cérémonie des vœux de Monsieur le Maire, samedi 10 janvier dernier, sur la bonne foi de nos correspondants spéciaux, Hérissons de souche dont le flair ne trompe pas. DES VŒUX SANS FAÇON ? Quelques chaises installées à la va-vite, une table dressée sans nappe ni fleurs, une galette des rois sans fève ni couronne. De toute évidence, la nouvelle équipe municipale ne cultive pas trop le goût de la « belle cérémonie ». Mais qu’importe. L’ambiance se veut conviviale ou familiale, selon les affinités. Même si Monsieur le Maire oublie de présenter nominativement les membres de son conseil municipal. Pas de clerc ou ruse de Sioux ? Mystère. De mauvaises langues supputent qu’il préféra taire l’absence de certains conseillers municipaux, comme si un certain malaise jetait déjà le doute sur la cohésion de nos édiles. DES VŒUX SANS ÂME ? L’onction du suffrage universel transfigure rarement le notable en grand orateur. L’adage est aussi vrai à Herry. Les yeux de Monsieur le Maire ne quittent pas ses deux feuillets pour ne pas perdre le fil de son discours rédigé avec amour. Félicitations d’usage et remerciements convenus se plaisent en redondances, peut-être pour mieux combler la vacuité de l’imagination. Le ton est sans conviction. Les sempiternels grands projets ânonnés depuis vingt ans – plan communal, aménagement du centre-bourg, rénovation du presbytère – font encore office de gentils vœux pieux. Seule consolation : apprendre que notre belle « Croix des Missions », improprement appelée « Croix des Quinaults », sera restaurée. Une bonne résolution pour 2009 que LIBR’HERRY est fier d’avoir inspirée ! Soudain, point d’orgue du discours officiel, tombe la phrase ex-cathedra, insolite et mystérieuse, celle que la presse locale a reprise en chœur : « L’équipe municipale a changé, il faut que chacun s’adapte à ce changement. » DES VŒUX SANS ÉLAN ? Sublime exhortation cette « petite phrase politicienne ». Est-elle comminatoire ? Dans le genre : « Adaptez-vous ou restez chez vous. » Est-elle incantatoire ? Dans le style « continuité dans le culte du changement, ou culte du changement dans la continuité. » Impossible de décoder cet étrange message. Admirons au passage la prudence rhétorique : c’est l’équipe qui a « changé » mais nul ne sait encore ce que cette équipe veut changer… Ni vision d’avenir, ni ambition mobilisatrice. Ni enthousiasme, ni envie. Dans le registre, « essayons de bien faire avec le peu qu’on a… » Avec, pour mise en scène, ce curieux alignement d’élus sages et résignés, tous dos au mur, qui donnent l’air d’attendre le peloton d’exécution. Dans le silence sépulcral d’un rituel compassé qui n’a hélas pas osé ouvrir un libre débat entre Hérissons de bonne volonté. Entre l’utile et le futile, entre les effets d’annonce et les annonces sans effet, entre l’espoir et la désillusion, c’est compliqué la politique. Ici plus qu’ailleurs, parce que dans le Cher règne en maître la prudence timorée du tempérament berrichon ! EXCLUSIVITÉ : en écho à cette grande première municipale, découvrez ci-dessous, dans notre TRIBUNE LIBRE, le témoignage d’un conseiller municipal qui ne cache pas son nom !... Source : La Voix du Sancerrois, 15 janvier 2009

Comments

[Jacques]

MERCI Cher Hérisson Anonyme pour cette sympathique sentence berrichonne...
Le sang du Berry coule dans mes veines, mais j'avoue humblement en avoir perdu l'idiome. Aussi ai-je dû recourir à un traducteur expérimenté pour en apprécier les subtiles nuances.
Trois remarques, me permettrez-vous, en réponse à votre plaidoyer "pro domo" :
- je reconnais bien là, entre les lignes, le vrai tempérament berrichon : ce vieux radicalisme terrien, pétri de méfiance et de scepticisme face à la nouveauté...
- je tiens en outre à vous rassurer : je n'ai aucun "compte à régler" à l'égard de quiconque. Je mets simplement un petit point d'honneur à faciliter la liberté d'expression dans notre village
- j'estime enfin que la pire des "ch'tiv'té" est de s'exprimer sous couvert d'anonymat, comme si un gentil Hérisson pouvait côtoyer Monsieur du Corbeau. Là encore un vestige de la culture ancestrale du Berry qui apprend à regarder par en-dessous plutôt qu'affronter autrui droit dans les yeux... Avec ou sans sabots d'ailleurs. (sourire)

Bravo quand même pour cette belle démonstration linguistique, même si je ne suis pas fana-fada de Jean-Louis Boncœur !

À bientôt j'espère, sous votre signature !
Bien à vous.

[Jacques]

Très honoré Monsieur le Premier Maire Adjoint de vous compter parmi les fidèles lecteurs de LIBR'HERRY...
Même si je n'ai pas bien saisi la portée philosophique de votre adage, digne de mon grand ami André Malraux ! (sourire)

À bientôt...
Bien à vous

[le 1er adjoint.]

Afin de réparer la perte du temps passsé.
Il faut employer le présent, et ne souhaiter l'avenir que pour en faire bon usage

Bonne année 2009 à toutes et à tous.

[ch-tit-grapiaud]

Bonjour l'gârs Jacques,
Ca fait un bout d'temps qu'j'lis tes écritures mon gârs. C'est bin tourné toune affaire, on vouès bin q't'as été à l'école toué!... J'félicite pâs souvent, mé là faut ben r'counait'e que c'est bien.
Faut continuer.
Pourtant, pour les voeux d'nout Maire, j'y étais moué. Et ben j'ai pâs trouvé bien c'que t'as dit. D'abord faut pas s'moquer, et pis y a pâs qu' d' la vérité dans tes écritures. J'seu un vrai berrichon d'pis qu'j'seu fait, pas aussi instruit qu'toi bin sûr, mais j'seu assez malin pour comprendre. Aujourd'hui y'en a qui pousse loin, pas loin de la provocation, mais d'la provacation à la malice, y a pâs ben du ch'min, et pis après on en vint à la ch'tiv'té coume disait ma m'man.
Acoute, y vint d'arriver nout Maire,anvec un nouveau conseil, laisse l'donc faire, d'main ça ira p'tèt'e pâs si mal, et au lieu 'y taper d'ssus, même si des fois il mérite, doune y don qu' conseils.
Y avait pâs d'nappe, ça fé rin, on a ben bu un coup quand même, mais de fèves, y'en avait, même qu'le photographe officiel il a failli s'casser une dent!!!!, et pis les couronnes a 'l'taient s' l' bar!!!! Alors pourqoué qu't'âs dis ça???? Et pis faut pas acouter tout l'monde, ti'nt nout épicier,(c'est lui qui s'est fait connaître) y y'était pâs non pu' lui, et pis y fait des commentaires et des histoires. Qu'y fasse don déjà son travail de conseiller, c'est tout c'qu'on y demande, et pis coume on dit dans le Berry " avant d'voulouère m'ner un' att'lage de 3 ch'vaux cheu les aut'es, faut déjà savouère m'ner s'oun âne cheu soué" (j'ai lu ça dans les histoire du Berry).
Tu vouès, l'gâs Jacques, on en sort pas des histoire d'âne!!!!
Moué en fait c'que j'veux t'dire, c'est qu'tas un joly blog, mais faut qu'tu fasse attention mon gâs, laisse y pas rentrer la malice et pis la ch'tiv'té, ça s'rai pas bien du tout. A moins qu'ça serait ton intention, par'c'que ça fait pas mal de fois qu'tu l'met su'la braise nout Maire et ses conseillers, mé dans c'cas là j'f'rai pu d'commentaires.
C'est pâs que j'veux l'défend', non j'veux pas prend'e partie.
Mais j'voudrais qu'ton blog y reste gentil, mé qu'ça soye pâs une tribune de réglement de compte, mais j'cré ben qu'ça y vint!!!
Salut gâs Jacques, et pis p'tè'te à un d'ceux jours!!!

NB: Le tutoiement a été adopté uniquement pour accompagner le patois berrichon, n'en soyez surtout vexé.

[Jacques]

Bienvenue sur LIBR'HERRY et MERCI pour votre commentaire... un peu acidulé, qui appelle un petit droit de réponse, sans acrimonie aucune :
1° Relisez bien l'article : il est bien précisé qu'il n'y avait "ni fève ni couronne". Mais ce détail n'ajoute ou n'enlève rien à l'ambiance.
2° Ce blog n'est point anonyme : vous avez la liberté de contacter l'auteur, et il vous suffit de cliquer sur le panneau Herry (marge gauche, en haut) pour tout découvrir de moi.
3° Désolé, mes références culturelles sur Brassens sont trop minces pour pouvoir identifier à quel roi vous faites allusion... (sourire)

À bientôt. Et MERCI

NB- Bravo pour la qualité de votre pain. J'aime beaucoup les couronnes Marguerite !