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17 mars 2010

HERRY SOUS L'OCCUPATION N°5

SENNEDOTAprès le flux, le reflux ? Le 17 juin 1940 au matin, un étrange mélange de désolation et de soulagement plane sur Herry. C’est l’impression que nous laissent les mots économes de l’abbé Sennedot, dans son « rapport exclusif adressé à l’Archevêque de Bourges sur les faits qui se sont passés à Herry depuis septembre 1939 jusqu’aux journées tragiques de juin 1940 ».

Les réfugiés ont fui. Herry semble déserté. Notre curé se sent livré à lui-même, avant que son sacerdoce ne le ramène à l’essentiel : ouvrir les portes du Paradis à un nouveau-né, victime de la débâcle.

 EPISODE 5 —

 « À trois heures du matin ­— le lundi 17 juin —, on sonne. Je vais à la porte. Ce sont des réfugiées du Loiret, de Briare. Elles viennent prendre une voiture d’enfant qu’elles ont laissée la veille. Elles veulent s’éloigner de la zone dangereuse. Elles prennent la direction de Sancergues. Que l’Ange du Seigneur les accompagne. Elles sont allées jusqu’à Garigny. L’armistice obtenu et signé par le Maréchal Pétain leur a permis de reprendre dix jours plus tard. Le chemin du Loiret avec leurs bagages qu’elles avaient laissés à Herry et que les Allemands avaient respectés.

À ce moment, je m’avance dans la rue. Des nombreuses voitures qui étaient garées le long des murs de l’Église et du presbytère, plus une. Je vais jusqu’au champ de foire. Il y avait près d’un millier de voitures la veille. Il est vide. Au premier coup de canon, elles ont fui, et derrière elles, une grande partie de mes paroissiens. Je parcours les principales rues du bourg. Partout un silence de mort. J’ai l’impression que je ne suis plus que tout seul.

Je célèbre ma messe à l’heure habituelle. Après la messe, vers 8H30, le canon tonne de nouveau. Les obus passent en sifflant au-dessus de l’Église. Une dizaine ou une quinzaine de détonations seulement, et c’est fini.

Plus tard dans la matinée, vers les 10 heures, je donne le baptême à une petite fille sur les genoux de sa mère, dans le chariot qui les emporte toutes deux loin du danger. Elle est née de l’avant veille et elle semble bien ne pouvoir vivre longtemps. Elle ira au Ciel grossir le chœur des Anges. Petite victime de la guerre, j’ai su qu’elle était morte le lendemain. »

 D_b_cle_1940

Source : GRIMAL (Henri) & MOREAU (Lucien) — Histoire de France - cours élémentaire (Paris, Fernand Nathan éditeur, 1962)

 

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