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4 novembre 2010

HERRY SOUS L'OCCUPATION N°7

SennedotLe 18 juin 1940, les Allemands prennent position dans Herry, signale l’abbé Sennedot dans son Rapport exclusif adressé à l’Archevêque de BourgesTout est calme dans le bourg. Mais à huit kilomètres de là, à Sancergues, la guerre fait rage : le son du canon, des rumeurs de pillage, des obus meurtriers. Les secours s’organisent. Et la religion aide, comme elle peut, à soulager les peines…

 ÉPISODE 7 —

« La nuit suivante du 17 au 18 juin est calme. Nous pouvons prendre un peu de repos. Toute la journée du 18 juin est tranquille, mais les Allemands se rapprochent. Avant la nuit, ils sont à Herry et installent une garde sur le pont du canal, à l’Écluse.

Pendant la nuit du 18 au 19 juin, le canon gronde de nouveau. Les Allemands bombardent dans la direction de Sancergues, à raison d’un coup par minute. Le bombardement, commencé à dix heures du soir se tait le matin à trois heures. On a beau se dire que le bombardement n’est pas pour Herry et que la présence des Allemands est une garantie, ce bruit lugubre et si rapproché ne laisse pas de mettre le cœur à une rude épreuve. Le pauvre mien s’en est aperçu et j’en éprouve les suites aujourd’hui.

Le mercredi 19 juin, j’ai résolu d’aller à Sancergues pour contrôler sur place les nouvelles qui circulent sur le sac et le pillage de cette paroisse qui m’intéresse, puisque j’en ai fait le service à deux reprises. Je pars vers neuf heures, après ma messe, alors que les premières patrouilles allemandes commencent à circuler dans les rues d’Herry. J’arrive à Sancergues à dix heures. Les gens qui avaient fui commencent à rentrer. Je trouve le presbytère de Sancergues occupé par des réfugiés qui avaient séjourné la semaine précédente à Herry et dont je connaissais l’honorabilité. Je les engage à y rester pour empêcher que la maison soit pillée ou occupée par les Allemands. L’Église n’a pas de mal, bien qu’une maison voisine eut reçu un obus qui en a meurtri toute la façade et tout l’intérieur. Je me renseigne sur les effets du premier bombardement. Il y a eu d’assez nombreuses victimes qui ont été recueillies dans des ambulances et emportées dans la direction de Bourges, et plusieurs morts, dont le maire de La Chapelle-Montlinard, Monsieur Moreau, qui a été atteint par un obus tout près de l’Église. On me signale à ce propos la conduite admirable de Monsieur l’Abbé Laurence, prêtre réfugié du diocèse de Reims, et chargé depuis quinze jours du service de la paroisse. Accompagné et aidé du jeune Étienne Gouvernel, président de la J.A.C., il s’est porté courageusement sous la mitraille et les obus au secours des blessés et des mourants pour leur donner le secours de la religion. Et ce n’est qu’à la fin du bombardement qu’il a consenti à partir pour Bourges sur un side-car conduit par un soldat français. La mère de Monsieur le Curé de Sancergues, la vénérable Madame Vatan, a failli elle-même être victime d’un obus tombé près d’elle et qui n’a heureusement pas éclaté. Elle a été évacuée par un autre side-car dans la direction de Moulins. Rassuré sur son sort, le me dispose à regagner Herry. À ce moment, on vient me demander de me rendre auprès d’une personne âgée qui, brisée par les événements et les bombardements, souffre d’une dépression nerveuse extrême. Elle a l’impression qu’elle va mourir et veut se confesser. Réconfortée par la grâce de l’absolution et les bonnes paroles que je lui adresse, je la laisse un peu plus calme.

Il est midi quand j’arrive à Herry. Je trouve mon bourg occupé par les Allemands et j’apprends que pendant mon absence, des officiers se sont présentés au presbytère pour demander les clefs du clocher. Ils ont minutieusement visité l’Église, la tribune et la tour, et ils ont constaté heureusement qu’il n’y avait pas de mitrailleuse. »

 (à suivre)

Affiche

 

 

 

 

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