COMICE COMME JADIS (3)

Avant que 2010 ne se conjugue au passé simple, consacrons une dernière chronique au Comice de Sancergues, le grand événement champêtre de l’année, dont la figure éponyme est Hérissonne en la personne de la charmante Noëlie Égrot, élue reine du Comice.

 L’excellent ouvrage, richement documenté, que Françoise Bezet a consacré à cette tradition agraire, évoque avec humour les étranges critères qui présidaient jadis à l’élection de  la reine. 

EXTRAIT —

 « Devenir reine en 1961 relève plus de l’examen de passage que de la joute festive. Les candidates devront être issues du milieu agricole. Leur aptitude professionnelle et leur bonne moralité seront prises en compte. Il leur faudra tout d’abord répondre à un questionnaire qui laisserait certainement pantoises bien des jeunes filles d’aujourd’hui testant leurs connaissances en économie domestique.

Exemples : 

• Comment vous y prenez-vous pour enlever une tache de graisse sur un tablier de cuisine ?
• Comment croyez-vous qu’une maman puisse, au cours de ses contacts quotidiens, aider l’intelligence de sa fille à s’éveiller ?
• Vous espérez vous marier dans un temps plus ou moins lointain. Quelles sont les qualités physiques et morales que vous souhaitez trouver chez votre futur mari ?
• Votre fiancé a oublié le nom de la variété de blé qu’il veut acheter. Aidez sa mémoire en lui citant les variétés que vous connaissez ?
• Citez quelques races de poules bonnes pondeuses ? »

 Source : Françoise BEZET — Un siècle et demi de comices – Sancergues, 1948-2010 (Tours, Imprimeries Mame, 2010) 

Cet examen édifiant en dit long sur les valeurs culturelles et matrimoniales d’un titre octroyé par des hommes qui avaient alors une certaine conception de la femme au foyer.

La mauvaise idée m’est venue alors de soumettre ce questionnaire à notre reine du XXIe siècle. Franche, directe, lucide, la réponse de Noëlie s’attache à souligner l’anachronisme incongru de ma démarche : 

« Je ne souhaite pas répondre aux questions qu'on imposait il y a près de cinquante ans aux jeunes filles qui souhaitaient se présenter à l'élection de la reine du comice. Car pour moi, un demi siècle est passé et les temps ont changé. J'espère avoir été choisie pour d'autres qualités que de savoir choisir une poule ou retenir des variétés de blé même si ce n'est pas un monde inconnu pour moi. »

Autre temps, autre mœurs. Autre siècle, autre reine. Une jeune fille bien dans son époque. Peu diserte sur « l’économie ménagère » sans doute, mais tellement plus rassurante…

Alors vive la Reine, et vive Herry !

Comments

[Sirius]

Effectivement, on semble à des années-lumières en arrière. Je ne connaissais pas la campagne à cette époque, mais pensais que ce genre de valeurs auraient mieux eu leur place du temps de l"Etat Français"...

En tous ca, vous avez à Herry une jolie reine qui sait garder la tête froide et vivre avec son temps!