24 mai 2008
BAGATELLE POUR UN MASSACRE
Faut-il massacrer pour instruire ?
L’étrange lutrin, solidement rivé aux abords de l’église Saint-Loup, nous autorise à poser la question.
Certes, l’intention est louable : livrer quelques éclairages historiques sur les monuments de notre région.
Mais l’outil n’a pas son pareil pour enlaidir l’édifice qu’il est censé glorifier.
Qui a eu cette idée folle d’offrir cet outil culturel aux villages du Val de Loire ?
Quel est le message qu’entend nous délivrer son style « si particulier » ? Est-ce un hommage furieusement tendance au design des seventies ? Est-ce une publicité clandestine pour le savoir-faire d’Aérospatiale ou de Dassault Aviations ? Est-ce une représentation allégorique du pupitre des clercs ? Impossible de percer le mystère de cette puissante inspiration…
Derrière cette démonstration éclatante de mauvais goût, une réalité s’impose, plus affligeante encore. Imaginons un peu la débauche d’énergies que ce chef-d’œuvre a pu mobiliser. Avant de planter là ce lutrin, il a fallu sans doute :
- Recenser les monuments historiques qui méritent d’être ainsi défigurés ;
- Confier à un directeur artistique de génie le soin de réaliser un ouvrage digne de cette fonction iconoclaste ;
- Venir à bout des réticences qui ont pu s’exprimer dans le collège des décideurs anonymes, qui ont bien raison de taire la paternité de ce projet sublime ;
- Commander l’ignoble objet en nombre suffisant pour obtenir « un bon prix » sur la facture, que ces cornichons de contribuables paieront comme d’habitude ;
- Procéder à l’installation de l’ouvrage, en un lieu accessible et visible. Et qu’importe si aucun parterre fleuri n’agrémente cet outil culturel. N’oublions pas qu’il est là pour instruire, et non pour séduire. Et tant pis si vous estimez que l’objet porte atteinte à la dignité de notre belle église. Parce qu’on ne vous demandera jamais votre avis… On vous prie simplement de vous taire et de payer, au nom de la « promotion de notre patrimoine culturel régional », bien sûr.
Réveille-toi André Malraux, ils sont devenus fous !
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