HUMBLE AVIS N°14
À Herry, elle est sereine la démocratie, comme en témoigne l’ambiance qui présida au dépouillement du second tour du scrutin présidentiel…
Les petites erreurs dans le décompte des bulletins, vite corrigées par une vigilance redoublée, rendent sympathique cette messe basse républicaine.
Les chuchotements intrigués des spectateurs participent au mystère insondable du verdict populaire jusqu’au moment où un concitoyen décomplexé ose poser à voix haute la seule question qui vaille : « Alors, à quelle sauce allons-nous être mangés ? »
Point d’orgue de la liturgie démocratique lorsqu’un scrutateur couche sur le tableau les résultats définitifs. Soulagement pour les uns, déception pour les autres. Éternel paradoxe français : à chaque élection présidentielle, le suffrage universel direct divise plus qu’il ne rassemble notre République pourtant proclamée « une et indivisible ».
Division passionnée bien sûr entre la France de Nicolas et la France de François… Distance stupéfiante aussi entre l’effervescence parisienne et la quiétude provinciale dès que la télévision met en scène la dramaturgie de la soirée électorale.
À Herry, tout est calme et paisible. À Paris, l’émotion populaire joue de liesses, enjouées ou vindicatives. Des reportages complaisants nous font croire que l’histoire de France vient de basculer. Des pancartes proclament « le SMIC à 1.700 € : le changement c’est maintenant ». Des drapeaux algériens et ivoiriens flottent Place de la Bastille…
Preuve que « l’identité de la France » vacille, un soir de scrutin. Comme si l’allégresse démocratique osait injurier l’avenir, entre Paris l’excitée et nos provinces angoissées…
Ouverture de l'urne : l'instant où tout bascule...
Dextérité, rapidité, vigilance : la démocratie en action...
Bulletin Sarkozy à gauche, bulletin Hollande à droite : un cas de dyslexie électorale ?
Bulletins triés par tas de cinquante : le verdict est imminent.